La solitude comme opportunité de croissance
C’est embarquée dans les profondeurs de mon âme, que j’ai appris à vivre seule, ou plutôt en ma propre compagnie. Et ça tombe plutôt bien car la seule personne avec laquelle je me suis engagée pour la vie, c’est bel et bien moi-même.
Et si la solitude, cette mal aimée, est devenue mon amie aujourd’hui, cela n’a pas toujours été ainsi.
Bien avant d’être mon alliée, une guerre de tranchées s’est déclarée entre nous. Beaucoup trop présente à mon goût, presque envahissante ces dernières années, je n’ai rien compris à l’origine de sa venue. Je ne l’ai pas vu arrivée non plus, elle s’est imposée et a pris place dans mon espace intérieur, et il est vrai , qu’il y avait un grand vide à combler.
Aussi, je l’ai laissé faire, après tout, quelle importance, ça me fera un peu de présence, moi qui cherche sans arrêt à conjurer les absences. J’ai sans doute dû laisser inconsciemment une porte ouverte, une brèche intérieure et cette malicieuse a réussi à s’y infiltrer.
Et il est vrai que, seule, à y bien réfléchir, je l’ai été quasiment toute ma vie.
De la mort de mon père jusqu’à aujourd’hui
Seule, avec toutes les angoisses de ceux qui traversent leur existence avec courage en solitaire. Tenir le gouvernail de son destin, sans être secondé d’aucune main, sans une épaule sur qui se reposer, sans un cœur véritable sur qui compter , la voilà la grande échappée belle de ma destinée.
Pourtant, au stade où j’en suis dans ma vie aujourd’hui, je peux clamer haut et fort, que cette solitude là, si difficile à supporter, et parfois si cruelle à endurer, m’a tellement apporté. Cette ennemie invisible, si discrète dans toute son austérité, m’a transmis le plus riche des enseignements.
La Solitude comme opportunité de croissance et de connaissance.
Car pour guérir et apaiser les tourments de ma vie, il est bien évident que j’allais devoir en passer par cette case-là obligatoire , « Solitude » , dans le grand Jeu de la vie qui m’a été donné d’expérimenter.
Et dans ce monde en plein burn-out général, dans ce trop-plein de bruits à l’agitation maximale, dans cette société où les enjeux semblent restreints aux pains et aux jeux, dans nos vies en général où l’on tente de survivre à l’accélération du temps, où l’apologie du silence semble avoir été oubliée, où la quête du bon sens semble n’avoir jamais enseignée, j’avoue n’avoir parfois qu’une hâte…me replier.
Non que je sois misanthrope, non que je sois Hermite non plus, mais dans cette hystérie actuelle collective, je n’ai jamais pu trouver ma place, car solitaire oui je le suis, inapte à m’adapter à cet univers toxique où nous sommes sans cesse pollués.
Alors, après la guerre des tranchées, c’est bel et bien retranchée du monde, avec pour seule alliée cette amie fidèle et tout son potentiel, et je l’en remercie, que je me penche sur mes écrits avec toute l’authenticité, et l’humilité que je dédie à toutes celles et ceux qui cherchent à tâtons l’interrupteur au beau milieu de leur nuit.
A tous les solitaires que j’ai pu rencontrer, ces héros du quotidien, à tous ceux qui ont intégré leur « bunker » de défense par peur d’être rejetés, à tous ceux qui franchissent au quotidien le mur du silence, à tous ceux pour qui « absence » riment avec souffrance, à tous ceux qui ne mettront pas un couvert de plus à la table des festivités, à tous ceux qui sont seuls même accompagnés, à tous ceux qui partagent un « 2 places « seuls, dans le lit de leur cœur, à tous ceux qui attendent patiemment l’âme soeur, à tous ceux qui murmurent aux oreilles de l’Invisible espérant un signe d’un être cher décédé, bref à tous ceux qui flanchent sur ce sentier isolé et escarpé, j’ai un « deal » à vous proposer.
Et si on partageait un bout de chemin ensemble ? Et si on partageait un bout de solitude ensemble ? Et si on prenait un nouveau départ, vers un nouveau territoire, situé quelque part entre réconfort et douceur, histoire de remettre le son sur nos silences intérieurs ?
Et gageons que nos Solitudes mêlées ensemble, bien campées dans nos Solidités intérieures puissent nous guider vers un égrégore de Solidarité et de Sagesse, c’est ce que je nous souhaite en cette fin d’année.
« La relation vraie n’est pas la fusion, ce n’est pas la disparition de la solitude non plus , ce sont deux solitudes qui se saluent et qui se reconnaissent l’une l’autre » .
Rainer Maria Rilke
Véronique,
🆅🅴🅸🅻🅻🅴🆄🆂🅴 🅳🅴 🅽🆄🅸🆃