Juliette, entre Guerre et Paix

Juliette, entre Guerre et Paix

L’histoire d’un deuil inachevé

Retour de séance :

Juliette (nom d’emprunt) vient me voir pour une problématique sentimentale. Elle a été très jeune veuve (38 ans) , et a du élever ses enfants seuls . Elle a pu déceler dans son arbre généalogique des répétitions de schémas et cherche un sens à  ce qui, en premier lieu, n’en a pas !

Elle remarque que :

– Sa mère était veuve également quasiment au même âge (40),

– Sa grand-mère maternelle veuve avec trois enfants en bas âge.

Evidemment tous ces évènements sont très troublants pour elle, car tout ceci ne lui appartient pas, c’est comme si elle était « téléguidée » par une mémoire inconsciente transgénérationnelle avec pour croyance  :

  • « Les femmes ne peuvent pas vivre en couple, car les hommes meurent «  ou
  • « les femmes dans cette famille sont veuves jeunes «  ou bien encore
  • « les femmes vivent seules et élèvent leurs enfants seules, les hommes sont absents ».

 

De toute évidence, Juliette porte en elle une fidélité familiale inconsciente qui l’a attirée inconsciemment vers un homme qui allait la quitter brutalement d’un accident de moto  (dans son cas).

Comment expliquer en psychogénéalogie ce schéma répétitif inconscient que l’on trouve dans son arbre généalogique ?

Après quelques recherches, nous constatons que cette grand-mère, aujourd’hui décédée, a sans nul doute, été profondément affectée par le décès de son mari , mort brutalement au cours de la guerre de 14/18.

Elle aussi avait, à ce moment-là, trois bouches à nourrir et a dû faire face à la violence de cette épreuve avec tout ce que cela implique en période de guerre.

Cette grand-mère s’est remariée quelques années après son décès, car matériellement parlant on peut imaginer que ce devait être compliqué pour une jeune mère de famille sans ressource.

Des interrogations se posent ici :

  • A-t-elle choisi vraiment ce nouvel époux qui va sans aucun doute lui assurer protection pour elle et ses enfants (se remettre dans le contexte historique) ? On ne sait pas…
  • Au moment du mariage, avait-elle « fait le deuil » du père de ses enfants mort à la guerre dont elle n’a sans doute jamais pu voir le corps ?  C’est peu probable. Cette génération ne connaissait pas les soutiens psychologiques que l’on connait actuellement.

 

La perte brutale et violente d’un père de famille jeune fait partie des traumas  dit »injustifiés- injustifiables »  dont l’onde de choc émotionnelle va se répercuter sur les générations suivantes.

Le cas de ces jeunes veuves de guerre va  laisser une empreinte émotionnelle forte et inachevée  chez les générations de femmes suivantes.

La bonne nouvelle c’est qu’un deuil inachevé que l’on trouve parmi ses ancêtres peut être repris par un descendant quelques générations plus tard.

C’est le travail en psychogénéalogie qu’a commencé Juliette, depuis quelques temps, pour se libérer de ce poids qui ne lui appartient pas et remettre Amour et Paix , dans son histoire personnelle et dans celle de sa lignée,  là où il en a tant manqué !

Véronique

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